18 déc. 2010

LIVRE : L'adoption (BD)

Au hasard, dans une librairie - section bandes dessinées - je tombe nez-à-nez avec une BD (2 tomes) dont le titre m'interpelle : COULEUR DE PEAU : MIEL, de Jung. 

L'auteur nous livre ici sa propre histoire, son vécu d'enfant coréen adopté par une famille belge.



En fait, c'était un coffret regroupant les deux tomes et un DVD offert sur le travail préparatoire à l'adaptation cinématographique de la BD, que je me suis offert avec grand plaisir. 

En effet, un film est en cours de réalisation (teaser ici) et devrait sortir au courant 2011. Il devrait se nommer "Approved for adoption" et évoquera cette histoire méconnue de l'adoption internationale coréenne, celle de ces plus de 165000 enfants envoyés à travers le monde depuis la fin de la guerre de Corée. Jung est l'un d'eux.  

Basé sur un mélange d'animations et de prises de vues réelles, ce film autobiographique réalisé par Jung et Laurent Boileau raconte le destin de ce déraciné et sa quête pour se réconcilier avec ses origines.




Jun Jung-sik errait dans les rues de Séoul quand un policier l’a pris par la main pour l’emmener au Holt, un orphelinat américain. Il avait alors 5 ans. Quelques photos, un rapport d’orphelinat… Ses souvenirs tiennent à un fil. Mais les questions le taraudent.
2007 : Jung décide de remuer les souvenirs ou les fantasmes de sa vie, en tout cas d’en finir avec une certaine période teintée de l’incertitude qui ronge. Il se raconte dans ce récit terriblement intime : sa survie en Corée, sa nouvelle famille belge. Une adoption pas toujours très réussie, contrairement à d’autres gamins. Mais cette histoire est la sienne : il a grandi avec, s’est construit avec, jours après jours, vaille que vaille. Les fous rires, les drames, le quotidien, les bêtises de gosses et les questions sans réponses… Sans aucune réponse ?
 




Infos + :

Le coffret BD - DVD est en vente sur Amazon (39,90€) ou dans les bonnes librairies. Dans le DVD : la bande-annonce du film, le making-of de ce trailer et une interview de Jung. 









La RTBF co-produit le film. 










Un tome 3 est en cours (fin de la série de "Couleur de peau : miel"). 

Blog sur la réalisation du film : ici  

Site de l'auteur : ici  

Vidéos et interviews de l'auteur sur son travail : ici  




14 déc. 2010

LIVRE : Les enfants maltraités



Je vais vous présenter, dans les deux prochains articles, deux livres qui, 
selon moi, servent d' "introduction" sur un sujet qui nous botte, et que l'on peut ou désire approfondir par la suite. En effet, je trouve qu'il est plus évident de commencer par des ouvrages courts et globaux, pour ensuite lire des livres plus pointilleux. 
Etant intéressée par la problématique des enfants maltraités, j'ai lu l'ouvrage suivant : LES ENFANTS MALTRAITES, de Pascal Vivet, aux Editions Milan, de la collection Les Essentiels Milan


Une chouette collection qui permet d'aborder un sujet en 63 pages pour 5,60€ seulement. 
L'ouvrage est divisé en court chapitre. Des textes clairs, fiables et précis qui vont à l'essentiel. Une iconographie appropriée permettant de compléter l'information. Bref, une collection accessible à tous. (infos voir fin d'article)




Les enfants maltraités, combien sont-ils ? Qui sont-ils ? Comment définir les mauvais traitements physiques, psychologiques et sexuels ? À partir de quand une gifle, une fessée deviennent-elles de la maltraitance ? Cet ouvrage tente de faire le point sur nos connaissances autour de ces actes, à travers la prise de conscience et la dénonciation dont ils font l'objet actuellement. En France, la protection des mineurs demeure l'une des plus sûres au monde. Pourtant nous découvrons chaque jour que des enfants meurtris déchirent par leurs cris la loi du silence qui les entoure. 




Pour acheter l'ouvrage : AMAZON   






12 déc. 2010

LIVRE : Educateur : un p'tit boulot sans histoire



Educateur : Un p'tit boulot sans histoire, de Christian Allard.


Ah! Enfin un nouveau livre "de terrain" pour les (futurs) éducs' ! Christian Allard est éducateur spécialisé et a travaillé, entre autres, à l'Aide sociale à l'enfance au sein d'une conscription d'action sanitaire et sociale en banlieue parisienne, durant sept ans. Dans cet ouvrage, il nous fait part d'anecdotes, de souvenirs, de rencontres... Avec humour, émotion. On ne peut s'empêcher, à la lecture de certaines anecdotes, de sourire. Parfois jaune, j'avoue, mais c'est ça aussi, le boulot d'éduc' : tantôt de l'enthousiasme, tantôt des frustrations... Mais toujours des rencontres enrichissantes qui nous font grandir. 




Une banlieue, une cité, un quartier, un éducateur... 

Un pédiatre, une puéricultrice, des assistantes sociales... 

Un juge pour enfants, un psychiatre, un directeur d'école... 

Des enfants dans leur famille, des enfants dans leur foyer, des aides à domicile, des actions éducatives.... 

Du rire, de l'émotion, du dramatique, du fantastique. 

De l'incroyable au quotidien... 

Pierre, Aïcha, France, Paul, Jean, les Dupont-Durand, mille et une histoires, mille et une rencontres... 

Chacune pourrait se suffire à elle-même, mais seul leur assemblage rend compte de la difficulté de ce " p'tit boulot sans histoire ", au coeur de l'existentiel et de l'actualité. 



Extraits

" J'allume la télé, je prends un journal, je mets la radio... J'ai l'impression d'être encore au boulot. Ou plutôt... mon boulot est au coeur de l'actualité, de la problématique du moment, de l'air du temps, de l'existentiel, de l'essence même de la vie. C'est ce qui le rend passionnant. Et épuisant. Parfois, j'aimerais bien vendre des salles de bain. On ne parle pas de baignoires à longueur d'antennes. Enfin, je n'ai pas remarqué."


" - Quoi t'as un bac C, et t'es éducateur ?
De la part de collègues...
Mépris pour la profession, mépris de soi bien sûr.
Ridicule qui plus est, on est pas mal à avoir un "bon" bac."




" Le père parle de son incarcération :
- J'ai été condamné...
 - Non, l'interrompt le psychiatre, ce n'est pas vous qui avez été condamné, ce sont les actes que vous avez commis.
J'ai trouvé ça drôlement beau. Ca m'a ouvert des portes. Ses actes ont été condamnés parce que condamnables ; mais reste l'individu, je vais pouvoir travailler avec."  


" Une collègue qui travaille à l'enfance, comme moi : 'Oh! J'en ai marre, j'en ai marre! J'en ai tellement marre, que je vais demander un poste de responsable !'. Qu'elle obtiendra. Et je ne crois pas que ce soit un cas isolé. On grimpe dans la hiérarchie pour s'éloigner du terrain." 


" La gamine, quinze ans, plus déprimée que d'habitude : 'Y a que quand je suis en galère que je me sens vivre !' ".


" Analyse d'un psychiatre à propos d'une adolescente : 'Il faut qu'elle s'affronte à quelqu'un qui lui apparaisse comme indestructibles. C'est à partir de là qu'elle pourra se construire'.
Ca me parait bien vu. Et bien formulé. Clair et net.
Bon, maintenant, qui se porte volontaire comme 'indestructible' ?"



" Elle a une quarantaine d'années et se présente à l'accueil de la circonscription : elle voudrait un éducateur.
 - Mais madame, vos enfants nous sont confiés, et ils ont tous un éducateur.
- Non, mais, un éducateur pour moi !" 

LIVRE : Alexandre Jollien

Alexandre Jollien... ca ne vous dit rien ? Vraiment ? Bon, allez, je vais vous dire un p'tit mot sur ce Monsieur, dont j'ai fait la connaissance il y a peu. Une découverte littéraire et bien plus : celle d'un homme qui, malgré son infirmité motrice cérébrale, a réussi à se forger une personnalité, une réputation. A construire sa vie, tout simplement. 
J'ai vraiment été enthousiasmé en découvrant ses oeuvres, et surtout ce qu'elles dégagent : une force de vaincre, envers et contre tout, malgré les obstacles, malgré les difficultés et - le plus pénible - le regard des autres... A travers ses mots/maux, il nous transmet l'espoir... car, comme il le dit si bien : C'est un combat, mais un combat "joyeux" ! 


Mais qui est Alexandre Jollien ?   
(biographie extraite de son site personnel, d'où l'emploi du "je")

C’est à Sierre que je pousse mes premiers cris le 26 novembre de l’an de grâce 1975. De 3 à 20 ans, je vis dans une institution spécialisée pour personnes handicapées dans cette ville. A trop vouloir bouger dans le sein maternel, je m’enroule en effet par trois fois le cordon ombilical autour du cou ce qui provoque, au passage, quelques « dégâts ». S’en suit une infirmité motrice cérébrale.

A l’institut, je découvre la joie de vivre de solides amitiés avec mes camarades et malgré le contexte, un brin délicat, je constate que la vie gagne toujours du terrain. Tout y est motif d’étonnement et d’émerveillement. D’où peut-être très jeune, une vocation pour « les choses de l’esprit ».

Le weekend, je rentre à la maison pour savourer la tendresse de ma mère Louiselle, l’humour de mon papa Norbert et le soutien bienveillant de mon frère Franck.

Très tôt, la vie s’annonce sous le mode d’un parcours du combattant. C’est ainsi qu’à l’institut, je passe un à un les obstacles pour arriver à suivre une scolarité dite normale. Entre temps, j’apprends à l’âge de 8 ans à marcher. Mais la grande affaire est ailleurs.


En 1993, je m’inscris dans une école de commerce pour « assurer mes arrières » et apprendre un métier. Par hasard, j’entre dans une librairie pour accompagner une fille et tombe sur un ouvrage sur Platon qui invite à vivre meilleur plutôt qu’à vivre mieux. La révélation est inouïe. Je sors de la librairie, le livre sous le bras et bientôt un projet naît : étudier la philosophie. Je rentre donc au Lycée au Collège de la Planta à Sion en 1997 qui m’ouvre les portes de l’Université de Fribourg où j’obtiens une licence en lettres au printemps 2004. Mon mémoire porte sur la thérapie de l’âme dans la Consolation de la Philosophie de Boèce. Juste avant, j’étudie le grec ancien au Trinity College de Dublin de 2001 à 2002.

Parti pour y parfaire mon anglais, j’y rencontre Corine, elle aussi valaisanne, avec qui j’ai la joie de me marier et d’avoir deux enfants, Victorine, née le 30 octobre 2004 et Augustin qui voit le jour le 31 mars 2006. Aujourd’hui, j’essaie de vivre à fond les trois vocations que m’a données l’existence : père de famille, personne handicapée et écrivain.



Parcours
 
Son premier ouvrage, Éloge de la faiblesse, paru en 1999, a été accueilli par le prix Mottart de l’Académie française de soutien à la création littéraire et le prix Montyon 2000 de littérature et de philosophie. Il a été mis en scène en 2007 par Charles Tordjman au théâtre de la Manufacture à Nancy. La même année, il aide Bernard Campan à écrire le scénario de "La face cachée".

Spécialisé dans la philosophie helléniste, il est également conférencier et intervient dans le cadre du rapport au handicap, comme par exemple dans une vidéo pour le Pôle emploi en France.

Alexandre Jollien a été couronné par le Prix Pierre Simon "éthique et société" pour l'ensemble de son œuvre.


Ses livres (A LIRE !)

Éloge de la faiblesse, Cerf, 1999
Le Métier d'homme, Seuil, 2002
La Construction de soi, Seuil, 2006
Le philosophe nu, Seuil, 2010


Pour en savoir + : Visitez son site http://www.alexandre-jollien.ch/



  
 
 
 
 

 

11 déc. 2010

FILM : L'arbre

L'arbre, un autre film que j'ai vu dans le cycle Art & Essai à la rentrée de septembre. Un film qui traite du deuil avec beaucoup de tendresse. 

Synopsis 
Une contrée sauvage d'Australie, une propriété surplombée par un gigantesque et majestueux figuier de Moreton Bay, Dawn et Peter O'Neil y coulent des jours heureux avec leurs enfants, jusqu'au jour où Peter meurt brutalement. Alors que Dawn s'écroule, descend jusqu'aux confins d'une douleur qu'elle n'arrive pas à surmonter, sa fille, Simone, du haut de ses huit ans, croit entendre la voix de son père dans les frémissements, les craquements d'un arbre surplombant les fondations de leur maison, un secret qu'elle partage avec sa mère, un secret qui va permettre à Dawn de sortir de sa torpeur.   


Critique 
Derrière un tel titre, difficile d'imaginer autre chose qu'une ode à la Nature. Celle qui nous apaise, reste le témoin passif et presque immuable de nos existences éphé­mères... mais aussi celle qui emporte tout sur son passage, par le grignotement tran­quille de la végétation ou par la violence incontrôlable d'une météo capricieuse. Mais L'Arbre est bien plus que cela, puisque cet élément éponyme est à la fois le lien qui unit et le pilier qui supporte toute une famille secouée par l'événement qui les dé­passe.  

Plus ou moins librement adapté du roman de Judy Pascoe, L'arbre du père, le film perce délicatement et avec pudeur une facette de la difficile étape que représente le deuil, traversé de part en part d'une poésie animiste.

Peter (Aden Young) et Dawn (Charlotte Gainsbourg), un couple simple et heureux depuis plus de quinze ans, vivent avec leur quatre enfants dans l'immense et luxuriante campagne australienne, abrités par une mai­son en bois brinquebalante et chaleureuse, elle-même surplombée par un énorme fi­guier multicentenaire. Une harmonie humble et authentique sans ombre... qui se rompt sans crier gare lorsque Peter est frappé par une mort fulgurante sous les yeux interloqués de la totalité de sa famille. Il faut mainte­nant apprendre à vivre avec l'absence, et chacun cherche sa voie comme il peut. 

L'unité jusqu'alors indéfectible de la petite communauté fait place à l'individualisme propre au chagrin, mais il y a bien quelque chose (quelqu'un ?) qui reste fidèle et in­changé depuis que Peter a disparu : le gigantesque figuier, qui assiste muet à toute leur histoire depuis que le foyer a été fondé. Simone (la pétulante Morgana Davies), la seule petite fille de la fratrie, découvre un soir qu'elle peut communiquer avec son père, bercée par les soupirs du vent dans les branches tentaculaires de l'arbre. Cette révélation devient un secret partagé avec sa mère, en grande détresse elle-même, et progressivement le « monstre » majestueux devient une sorte de confident pour toute la famille.

Très vite cependant, il se révèle être aussi dangereux qu'il n'est rassurant, lorsque racines et branches viennent envahir les canalisations et les fondations de la maison... faudra-t-il se résoudre à l'abattre ? 

Tous sont rigoureusement partagés entre la tentation de sombrer et le désir de conti­nuer à vivre. Vient s'ajouter le délicat personnage de George, la pièce rapportée qui invite la page à se tourner, en essayant de respecter une distance nécessaire au deuil. Mais au-dessus de toutes ces âmes esseulées, se dresse donc le personnage qui n'en est pas vraiment un mais fait office de ciment et de dilemme, à la fois sta­tique, vivant, tentaculaire et organique : l'arbre. Julie Bertuccelli le filme d'ailleurs comme une véritable personne, qui parle, se meut et pense tellement fort que chacun le prend pour confident. 


Avis 
J'ai beaucoup apprécié ce film, de part le sujet qu'il traite (le deuil) de manière très poétique et sensible, voire original. J'ai été impressionnée par l'arbre dont il est question, les prises de vues sont superbes, rend le film serein, apaisant, bien que troublant. J'ai adoré aussi Charlotte Gainsbourg "sensible". La relation que tisse Simone avec l'arbre, afin de garder ce lien avec son père, nous rappelle que la Nature peut aussi être un amie de l'homme. On la croit souvent inhospitalière mais pas toujours... La preuve !