14 févr. 2012

TCA & Art-thérapie

L’Art thérapie : une autre façon d’exprimer ses émotions…

Depuis une vingtaine d'années, les personnes désireuses de suivre une thérapie ont vu se multiplier les outils disponibles. L'art-thérapie constitue l'une de ces nouvelles approches. Elle se différencie des modèles plus connus, comme la psychanalyse ou la thérapie verbale, dans la mesure où elle privilégie le processus créateur et l'art comme outil de travail. Elle exige, comme toute autre thérapie professionnelle, un engagement sérieux de la part de la personne suivie qui accepte de se confronter à ses émotions et à des pensées pouvant être douloureuses.

L’importance de ne pas négliger nos émotions
Pour les personnes souffrant d’anorexie ou de boulimie, le trouble du comportement alimentaire est un moyen de tenter de contrôler les émotions qui les assaillent, qu'il s'agisse d'un problème d'image de soi ou d'amour-propre, d'un appel à l'aide ou d'un manque de communication avec leurs proches.

A défaut de pouvoir contrôler la source de leur mal-être, elles tentent de dominer leur appétit et ignorent les besoins de leur corps, à l’image de l’ignorance de leurs besoins psychiques. Boulimie et hyperphagie peuvent être des moyens de se réorganiser sur le plan psychique lorsqu’on se sent menacé par le vide, par la culpabilité, par l’angoisse, par la dépression, par le stress, par les jugements présumés négatifs des autres… Cet acte de remplissage permet de court-circuiter des affects menaçants et de les remplacer par une séquence psycho-comportementale douloureuse mais familière. Mais que ce soit à travers l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie, il s’agit de tenter de faire l’économie de l’expérience de ses émotions.

A la recherche d’images
Lorsqu’une personne éprouve certaines difficultés à exprimer ses émotions par le biais du langage verbal, tout n'est pas perdu ! L'art-thérapie a délaissé le pouvoir des mots au profit de la magie de l'image. En effet, tout comme la psychanalyse exploite le rêve et l'association libre comme voie d'accès à l'inconscient, l'art-thérapie utilise des images intérieures pour explorer, comprendre et surmonter les conflits qui nous habitent. En mettant l'accent sur le processus de création, cette thérapie ouvre la porte à l'expression libre et spontanée. La personne qui choisit ce type de thérapie, s'engage dans un processus de création visuelle dans lequel elle peut se défouler, avoir du plaisir et s'exprimer autrement. Ce type d’expression rend peut-être la démarche thérapeutique moins menaçante pour les personnes qui ont des difficultés particulières à s'exprimer verbalement. L'art-thérapie contribue de cette façon à diminuer le stress émotionnel. Les patients peuvent avoir ainsi accès à des émotions intenses, qui deviennent acceptables une fois sur papier et qui ne le seraient sans doute pas dans la vie quotidienne. Cette approche permet d'atteindre des sensations troublantes plus rapidement que l'approche thérapeutique exclusivement verbale et offre la possibilité de s'exprimer dans un espace défini et sécuritaire tel que le papier. Notez que les patients disposent d'un support de choix pour développer la conscience de leurs émotions (peinture, sculpture,…).

Une approche individuelle …
L'art-thérapie est fondée sur une approche d'orientation analytique. Toutefois, elle a ses propres bases et exige des compétences particulières. En plus de connaissances ou d'une grande expérience en art visuel, l'art-thérapeute doit acquérir une formation professionnelle en art-thérapie ainsi qu'en psychologie et en psychopathologie. En outre, ce dernier offre son aide selon des approches diversifiées, interviennent tantôt à court terme, tantôt à long terme.

Illustration d’une consultation individuelle… 
Une patiente entre dans le bureau de son thérapeute. Elle en est à son troisième mois de rencontres individuelles hebdomadaires. Au bout de quelques minutes, le professionnel devine ce qui la tracasse. Depuis qu'elle a rencontré sa mère quelques jours plus tôt, elle a la tête à l'envers, se sent coincée. Attentif à ses émotions, le professionnel lui demande de dessiner ce qu'elle ressent. La piste est tracée, il ne reste qu'à la suivre. L'art-thérapeute regarde avec elle son dessin composé de couleurs, formes et personnages plus ou moins bien définis et l'invite à en parler : « Je me sens si petite, les murs sont si grands, j'étouffe beaucoup », dit-elle. « Je ne comprends pas cette tache brune, mais je crois qu'elle est liée à ma sensation d'étouffement ». L'art-thérapeute lui suggère alors d'explorer cette tache en créant un autre dessin. En utilisant la couleur brune, elle pourra reprendre la forme précédente et arriver graduellement à en produire une autre qui précisera davantage son émoi. L'exploration et l'échange se poursuivront à partir de ce nouveau sentiment identifié et mis en forme dans un dessin.

La thérapie de groupe…
Une patiente de 30 ans témoigne : « Je n'avais pas le goût de m'exprimer par les mots. Mon besoin de rencontrer d'autres femmes qui avaient vécu la même réalité m'a poussée vers cette aventure Après avoir participé à huit rencontres de groupe, je me suis sentie apaisée. Cela m’a permis d’échanger avec le thérapeute nos interprétations quant au sens de mes dessins, de recevoir les impressions des autres participantes et de les partager avec elles. Pour la première fois, j’ai réussi à évoquer ma problématique et ses conséquences, ce que je n'avais pu faire auparavant malgré dix ans de thérapie individuelle verbale. Cette démarche m'a aussi beaucoup aidée à me laisser aller et à accepter que je ne pouvais pas toujours tout contrôler. Ayant peu dessiné enfant, les pinceaux, la gouache, les pastels étaient pour moi des objets étrangers avant mon cheminement thérapeutique. En outre, l'art-thérapie me permet maintenant d'avoir du plaisir et de mettre en contact l'enfant que j'étais et avec l'adulte que je suis devenue. À chaque rencontre, je suis sensible aux couleurs que j'aime, j'identifie des odeurs qui me déplaisent et qui évoquent des souvenirs importants ou difficiles. Sans compter que les réactions des autres participantes face à mes dessins m'ont donné accès à d'autres dimensions de moi-même et m'ont apporté une meilleure connaissance de ce que je vis ».


En conclusion…


Comme toute autre approche, la thérapie par l'art sous-tend un investissement émotif intense et comporte des moments de souffrance, de repli sur soi où le patient ne voit pas toujours clair. L'art-thérapeute doit manifester concrètement sa disponibilité et son écoute en accompagnant la personne dans ce qui se passe ici et maintenant, et en respectant le rythme et l'évolution de chacun. Dans ce sens, l'art-thérapie est sans doute une excellente façon d'écouter l'autre et de mettre en images ce que les mots ne peuvent exprimer.



C. Lemage

TCA : Prévention pour les parents

Sur le site d'une Association "INFOR ANOREXIE-BOULIMIE" (très intéressant), j'ai trouvé ces 10 conseils pour les parents. Les trouvant justes , je vous les poste ci-dessous. 



10 conseils de prévention pour les parents



Une estime de soi solide est certainement le meilleur des antidote aux désordres alimentaires. Et cela s'apprend dès le plus jeune âge! "Sois en forme et en bonne santé", "Amuse-toi", "Sens-toi bien dans ta peau", sont des messages importants, à faire passer régulièrement à vos enfants.


1.  Observez vos attitudes et vos comportements face à votre corps et à celui des autres. Apprenez à vos enfants à accepter les différences physiques (formes corporelles, défaut, handicaps). 

2.  Evitez toute attitude qui renforce l'éloge de l'amaigrissement et le dénigrement de l'excès de poids. Ne taquinez pas les enfants sur base de l'apparence... et ne leur faites pas de remarques telles que: "je t'aimerais davantage si tu perdais du poids", "ne mange pas autant, tu vas grossir"... 

3.  De quelles vie rêvez-vous pour vos enfants? Insistez-vous beaucoup sur la beauté et la forme physique, surtout pour les filles? Aidez-les plutôt à s'apprécier, quels que soient les modèles véhiculés par les médias. 

4.  Ne diabolisez pas certains aliments en les qualifiants de "mauvais", "caloriques", "grossissants". Si vous diversifiez les repas, ils peuvent tous faire partie d'une alimentation équilibrée. 

5.  Vous pouvez discuter régulièrement avec vos enfants des dangers des régimes stricts, de l'intérêt de l'exercice physique et de l'importance d'une alimentation diversifiée. N'oubliez pas de donner l'exemple en mangeant de tout (toujours à table!), en bougeant et en vous acceptant telle que vous êtes. 

6.  Ne faites pas de chantage à la nourriture: "mange bien pour faire plaisir à maman", " si tu n'es pas sage, tu n'auras pas de dessert", "tu es triste, prends un bonbon". Manger c'est manger, aimer c'est autre chose. 

7.  Proposez différentes activités à vos enfants: sport, dessin, musique... Quand on fait ce que l'on aime, on se soucie moins de son poids, de son apparence et de la nourriture. 

8.  Faites de votre mieux pour renforcer l'estime et le respect de soi des filles qui vous entourent. Et donnez les mêmes opportunités et encouragement aux garçons qu'aux filles. 

9.  Acceptez d'être une "mauvaise mère" de temps en temps. Une trop bonne mère anticipe les désirs de son enfant sans lui laisser le temps de les ressentir. L'enfant risque alors de vouloir tout et tout de suite, sans supporter le manque. Or la frustration est souvent constructive...
 
10.  Encouragez régulièrement vos enfants et évitez les réprimandes continuelles.




Info + : Visitez le site de l'Association : http://www.anorexie-boulimie.com

20 janv. 2012

ASSOC : BOLD

BOLD, c'est quoi ?


Bold est l'Association belge des patients obèses.
Elle a été lancé au mois de juin 2005 par son Président, Jean-Paul Allonsius.

Bold poursuit les objectifs suivants :

=> Faire reconnaître l'obésité comme maladie chronique
° Pour s'insurger contre toutes les réponses univoques qui exigent uniquement un régime alimentaire comme solution.

° Pour obtenir une meilleure prise en charge des problèmes spécifiques de l'obésité par les pouvoirs publiques.

Bold va travailler avec les politiques et la population pour que l'obésité soit enfin reconnue en Belgique comme maladie chronique. Tout comme elle l'est déjà par l'Organisation Mondiale de la Santé, et ce dès 1992. Et au Portugal depuis 2004.
Informer les malades, les médecins, les politiciens sur l'évolution de la maladie tant dans son caractère chronique qu'épidémique en vue d'améliorer durablement le sort des personnes atteintes et de permettre ainsi à ces personnes d'accéder à une vie normale.


° Devoir de sensibiliser les personnes en surpoids sur les dangers de cet excès pondéral sur leur santé.


=> Favoriser une meilleure prise en charge des patients obèses° Connaissance et promotion de l'approche multidisciplinaire : Les plus grands spécialistes au niveau national (BASO - Belgian Association for the Study of Obesity) et international ( National Heart, Lung, and Blood Institute - NIH - et la North American Association for the Study of Obesity) ont élaboré des lignes de conduites efficaces de prise en charge de la maladie qu'est l'obésité. Malgré l'existence de ces lignes de conduites qui expliquent clairement l'approche multidisciplinaire, peu de personnes la connaissent et l'appliquent, tant au niveau du grand public que des professionnels de la santé.

° Reconnaissance et remboursement de l'approche multidisciplinaire : cette approche demande l'intervention et l'interaction d'une équipe pluridisciplinaire qui doit accompagner chaque patient dans sa perte de poids et sa stabilisation. Cela demande du temps et de l'argent.


Bold travaille dans ce sens :
> Créer des groupes d'entraide pour favoriser l'échange d'expériences réussies et re-motiver les patients obèses.
> Motiver à mettre en place une free clinique de l'obésité qui promeut et dispense cette approche multidisciplinaire.
> Bold appuie et soutient les demandes de remboursement de ses médicaments et la chirurgie dans les indications recommandées par les guidelines officielles.
 > Bold contribue à une meilleure connaissance des opérations chirurgicales : veiller à une bonne information sur le processus complet de l'opération et le suivi qu'elle demande.


 => Obtenir une réglementation des publicités miraculeuses sur les pertes de poids
Dans un objectif d'éducation de la population et de lutte contre le surpoids et l'obésité, Bold demande la réglementation urgente de ces publicités :

> A qui ces publicités s'adressent-elles ? A quel IMC ? Ne devraient-elles pas l'indiquer clairement ?
> Quand ces publicités promettent une perte de poids de 10 kg et plus, ne s'adressent-elles pas à des personnes avec un IMC présentant des risques pour leur santé : en surpoids ou en obésité ?
> Ne devraient-elles pas également parler de l'effet rebond bien connu du monde médical qui a lieu après des pertes de poids rapides ? Ne devraient-elles pas aborder la problématique de la stabilisation ?

 => Lutter contre la stigmatisation des patients obèses
° Etude du sociologue français Jean-Paul Poulain de l'université de Toulouse le Mirail qui a clairement montré les lieux de stigmatisation  :
 - L'école
 - Puis l'univers professionnel 

° La stigmatisation aggrave et entretient le surpoids et l'obésité, dans un cercle vicieux difficile à vaincre : stigmatisation, perte d'estime de soi, refuge dans la prise alimentaire en guise de compensation, entretien ou développement de l'obésité.

 => Enfin, Bold souhaite appuyer toutes les initiatives et activités visant à :

> Mieux informer les médecins généralistes pour traiter la maladie.
> Adapter les cursus universitaires des médecins et valoriser la nutrition comme discipline.
> Entreprendre des démarches auprès du monde des entreprises afin que l'obésité soit traitée au sein de l'entreprise .
> Revaloriser le statut des diététiciens afin de permettre le remboursement de leurs prestations.



L'approche multidisciplinaire : LA prise en charge
Tous les spécialistes de la santé sont unanimes aujourd'hui : le traitement de l'obésité repose sur une prise en charge :
> médicale : un médecin entouré de spécialistes (diététicien, psychologue, physiothérapeute) ou un centre médical de l'obésité
> de long terme : l'obésité est une maladie chronique qui demande un traitement et un suivi régulier
> multidisciplinaire qui combine SIMULTANEMENT la diététique, l'activité physique et l'approche psychologique, et ce tant au niveau du bilan (fait à ces 3 niveaux avant d'entamer toute prise en charge sérieuse) que du traitement même.

11 janv. 2012

PSYCHO : La résilience (partie 2)

Une autre source très intéressante pour parler de ce sujet... en voici quelques extraits choisis.


Résilience et interdépendance
Extrait d'un rapport du RCRPP (Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques)

Présentation
La résilience des plus démunis repose nécessairement sur les réseaux d'entraide. Ce qu'ils ne trouvent pas à l'intérieur d'eux-mêmes, ils doivent aller le chercher à l'extérieur, ce qui suppose que les ressources existent dans la société civile.

Extrait
La résilience des personnes repose nécessairement sur une force intérieure et un appui de l'extérieur. Par définition, la résilience représente la capacité d'affronter avec succès les risques et les déboires sérieux de l'existence. Il s'agit d'une combinaison de force intérieure, d'appui de l'extérieur et d'apprentissage à partir de l'expérience acquise. La confiance en soi est importante, comme le sont aussi une bonne scolarité, la capacité d'apprendre et de résoudre des problèmes, et l'aptitude à entretenir de bons rapports humains. Une personne qui possède une bonne dose de ces attributs peut souvent être autonome, c'est-à-dire qu'elle peut faire face à l'adversité sans détresse apparente. Les personnes plus vulnérables s'appuieront davantage sur les réseaux qui les lient à d'autres personnes à l'intérieur et à l'extérieur de la famille.


Développer la résilience chez les enfants des milieux défavorisés
Paul D. Steinhauer

Présentation
Comment expliquer que certains enfants survivent, voire s'épanouissent, dans l'adversité? La réponse est dans la résilience, soit l'aptitude à s'adapter et à se ressaisir devant un stress aigu. Avec le temps, l'enfant résilient mobilise les ressources dont il ou elle a besoin pour faire face aux défis qui se présentent aux défavorisés et renforcer sa personnalité.

Extrait
Plusieurs facteurs favorisent la résilience :
· les traits de caractère, dont la sociabilité, l'aptitude à régler des problèmes, l'autonomie, la persévérance et l'optimisme;
· les familles et les écoles, qui prodiguent soins et soutien et qui ont des attentes élevées mais réalistes, et donnent aux enfants l'occasion de participer et de contribuer;
· les familles qui ont la force de faire face et de résister au stress chronique et aux crises répétées;
· les communautés et les nations soucieuses du bien-être général, qui viennent en aide à la famille et qui considèrent l'enfant comme une ressource commune et précieuse.
· l'estime de soi;
· la confiance, l'optimisme et un sentiment d'espoir;
· l'autonomie ou un sens d'auto-développement et d'indépendance (la capacité d'exercer un effort, de satisfaire ses propres besoins);
· l'endurance ou la capacité de combattre le stress;
· la capacité de vivre une gamme d'émotions;
· des aptitudes positives permettant de faire face à des problèmes et de les résoudre, de prévoir les conséquences;
· développement approprié pour l'âge;
· la compétence de l'enfance, démontrée par des signes comme se livrer à des activités régulières, avoir un emploi à temps partiel, participer aussi bien à des activités scolaires que parascolaires, réussir relativement bien à l'école.


Comment certains enfants ont des «airbags» affectifs
Entretien de Ariane Racine avec Michel Manciaux, pédiatre
Le Temps (Suisse), 9 octobre 1998.

Extraits
> Quels sont, selon vous, les éléments qui développent cette faculté à surnager ? 
" Il y a très probablement, disons-le, des enfants qui possèdent un bagage génétique plus favorable. Mais il existe de nombreux autres facteurs «protectifs»: la présence d'un adulte «supportif» qui redonne confiance, l'humour, les rites d'une communauté, la dimension intellectuelle, l'imagination, la religion, par exemple. Pour tout enfant, avoir une bonne relation avec au moins un des deux parents ou avec un grand-parent est un important facteur de résilience."

> Qu'est-ce que la résilience a changé dans votre métier de pédiatre, au jour le jour ? 

" Travaillant comme professeur de pédiatrie préventive et sociale, j'ai eu affaire à des enfants qui, en dépit d'un handicap ou d'une maltraitance précoces et sévères, réagissaient de manière très positive au traitement. J'avoue que j'en étais resté à ce simple constat jusqu'à mes lectures sur la résilience. Aujourd'hui, je pense que le pédiatre ne peut plus se considérer comme l'acteur tout puissant de la réhabilitation de l'enfant et de sa famille. Notre rôle est de les aider à prendre conscience de leurs ressources mobilisables. Les influences extérieures sont capitales. La résilience introduit aussi l'idée d'un compagnonnage avec l'enfant. Aider tout bébé à développer ses compétences «précocissimes» comme nous savons le faire aujourd'hui, c'est lui permettre de devenir résilient."

> L'enfant devenu résilient le restera-t-il toujours ?
" La résilience est un mélange d'inné et d'acquis à entretenir tout au long de la vie. Elle est aussi une notion qui s'oppose à celle du recommencement fatal, à tort fort répandue. Par exemple, des enfants victimes de parents maltraitants peuvent devenir des adultes résilients et vont enrayer la répétition des abus de génération à génération. Or, on entend souvent dire que tout enfant maltraité deviendra un adulte maltraitant. Cela n'est vrai que pour un 20% des cas, les autres trouvent la force de reconstruire leur vie autrement. Devenir parent est une épreuve importante qui constitue un révélateur de résilience. La grossesse et la petite enfance nécessitent une attention particulière, avec des coups de pouce professionnels, mais aussi associatifs ou communautaires. C'est une période à risque de rechute."


PSYCHO : La résilience (partie 1)

Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de résilience. Dans un précédent article, je vous présentais un livre sur le sujet, sans vraiment vous expliquer le concept. Ce matin, je suis tombée nez à nez avec un article qui explique fort bien ce concept spychologique. Bonne lecture.


La résilience

On a longtemps cru qu'un enfant qui vit des expériences terribles deviendra un adulte perturbé. On sait maintenant que ce n’est pas nécessairement le cas. Certains enfants peuvent même en sortir plus forts. On dit alors de ces enfants qu’ils sont résilients.

Le concept de résilience vient de la physique où il désigne la capacité d’un matériau à reprendre sa forme après un choc ou une grande pression. On dira ainsi que la coque d’un sous-marin est résiliente lorsqu’elle se révèle capable de supporter des pressions considérables lors de ses plongées et lorsqu’elle reprend sa forme primitive lorsque le sous-marin refait surface.

En psychologie, le concept de résilience est apparu dans la langue anglaise dans les années 1960 grâce à Emmy Werner. Cette psychologue américaine était allée à Hawaï faire une évaluation du développement des enfants qui n’avaient ni école ni famille, et qui vivaient dans une grande misère, exposés aux maladies et à la violence. Elle les a suivis pendant 30 ans. Au bout de tout ce temps, 70% de ces individus étaient en piteux état mais 30% savaient lire et écrire, avaient appris un métier et fondé un foyer.


La résilience définit donc la capacité de se développer avec succès dans des environnements qui auraient dû être néfastes pour ce développement. La résilience permet non seulement de «tenir le coup» mais bien souvent de rebondir en tirant profit des traumatismes passés. Cette aptitude contribue en plus au maintien d'une bonne santé et à la résistance aux maladies, en particulier aux maladies mentales.

Le terme de résilience vient du latin resalire (re-sauter). Il s’agit donc de sauter à nouveau, mais pas à la même place comme si rien ne s’était passé, mais ressauter un petit peu à côté pour continuer d’avancer. D’ailleurs résilier un engagement signifie aussi ne plus être prisonnier d’un passé, se dégager de quelque chose. La résilience n’a rien à voir avec une prétendue invulnérabilité de certains individus mais plutôt avec la capacité de reprendre une vie humaine malgré la blessure, sans rester fixé sur cette blessure.

On a pu déceler un profil d’enfants traumatisés qui développent une aptitude à la résilience. Il s’agit de ceux qui ont acquis la «confiance primitive» entre 0 et 12 mois. Un peu comme s’ils se disaient : « on m’a aimé donc je suis aimable, donc je garde l’espoir de rencontrer quelqu’un qui m’aidera à reprendre mon développement. » Ces enfants sont dans le chagrin mais continuent à s’orienter vers les autres. Si on leur donne des possibilités de rattrapage, d’expression, un grand nombre, 90 à 95%, deviendra résilient. Ces possibilités peuvent prendre la forme de tribunes de créativité ou d’épreuves : le scoutisme, préparer un examen, organiser un voyage, apprendre à être utile. L’expression de ces ressources intérieures va aussi bénéficier grandement des mains tendues d’un tuteur ou d’un accompagnateur qui va catalyser la reprise de confiance en soi.

L’engagement social peut aussi être un formidable facteur de résilience : les femmes qui ont subi un viol, par exemple, rejoignent souvent des associations de soutien aux victimes. Elles ne parlent pas d’elles, mais à des femmes comme elles.

Pionnier de l’introduction du concept de résilience en France, Boris Cyrulnik affirme par ailleurs que « chez tout un chacun, des "braises de résilience" sont présentes. Qu'on souffle dessus à bon escient, et l'enfant meurtri, fracassé, stoppé net dans son développement par le deuil, la maltraitance ou les atrocités de la guerre sortira de son "agonie psychique" et reprendra le chemin de la vie. » Un pouvoir de reprise en main insoupçonné dont plusieurs équipes de recherche dans le monde commencent à découvrir l’étendu.


Source : ici

5 janv. 2012

TEMOIGNAGES - BD

Voilà deux BD regroupant des témoignages, l'un concernant la toxicomanie, l'autre sur l' illettrisme.

PAROLES DE TOX


Paroles de tox est un ouvrage collectif composé de 12 récits en images, collectés auprès de toxicomanes ou d'anciens toxicomanes, qui racontent des situations personnelles qu'ils ont vécues tant bien que mal, souvent plus mal que bien. Ces histoires ont été recueillies par l'association BD Boum, aidée par un médecin addictologue. Futuropolis s'est associé à BD Boum pour faire paraître cet ouvrage de bande dessinée-témoignage, qui, loin de la fiction, parle du réel. 12 récits de Philippe THIRAULT à partir des témoignages de toxicomanes, histoires dessinées par ALFRED, CHRISTOPHER, DAVODEAU, GNAEDIG, JUNKER, LE ROUX, MARTIN, MILHIET, MOYNOT, PERRISSIN, PEYRAUD, PRUDHOMME, et SAVOÏA.

Ces histoires mettent en scène des jeunes adolescents comme des mères de familles, de milieux sociaux différents, tous dépendants à une drogue : cannabis, cocaïne, héroïne mais aussi alcool.

«Nous pensons que le fait de lire ces témoignages de vie peut avoir une action d'information et de prévention. En matière de toxicomanie, il semble qu'il n'y ait pas de truc pour arriver à prévenir, à empêcher, à protéger. Il semble que les témoignages de ceux qui ont fait l'expérience de la drogue aient un effet. BD Boum l'a constaté en organisant plusieurs débats sur le thème drogue et justice , animés par un juge, un avocat et surtout un ancien toxicomane. Les jeunes sont chaque fois sortis touchés et saisis.»

«Pour lutter contre la toxicomanie, il faut avoir une compréhension et une connaissance des drogues, de façon à aider le jeune à développer son esprit critique et à se défendre. Les expériences de vie des toxicomanes se ressemblent. Sans prétendre tracer un parcours type conduisant à la dépendance, on peut esquisser plusieurs parcours similaires et révéler la douleur du vécu, commune à tous.» «Les jeunes toxicomanes rencontrés sont en situation de dépendance, avec une baisse des facultés intellectuelles et de mémoire, et sont surtout et avant tout en situation de souffrance : perte de confiance en soi, dépression, destruction de sa propre image, voire trouble du comportement grave, paranoïa, crise d'angoisse.» BD Boum.


PAROLES D'ILLETTRISME

Ils s'appellent Ronny, Patrick, Zahia, Amar, Marcel, Sylvie, Maxime... Les turpitudes de la vie, déracinement, alcoolisme parental, violence ont fait qu'ils ont passé une bonne partie de leur vie sans savoir lire.
 Dans le cadre d'ateliers organisés par la ville de Blois, Luc Brunschwig a recueilli les témoignages de huit personnes qui ont connus des difficultés d'apprentissage de la lecture et ont appris à vivre malgré leur illettrisme. Ces témoignages sont aujourd'hui mis en images par un collectif de jeunes auteurs de bande dessinée, au talent reconnu.

On découvre que c’est souvent face à l’adversité que ces hommes et femmes n’ont pu suivre à terme leurs études ou suivre un cursus normal. Un handicap nourri de regrets et parfois de malchance, comme le montre l’histoire de Zahia, découpée en trois parties à la façon d’un véritable fil rouge dans l’album. Marginalisé, le nombre d’illettrés excède pourtant le chiffre de 3 millions de personnes en France. Alors si cette somme de témoignages est assez lourde et pas complètement exempte de pathos, sa lecture est très enrichissante et montre à quel point ne savoir ni lire ni écrire est un immense handicap.