11 déc. 2010

FILM : L'arbre

L'arbre, un autre film que j'ai vu dans le cycle Art & Essai à la rentrée de septembre. Un film qui traite du deuil avec beaucoup de tendresse. 

Synopsis 
Une contrée sauvage d'Australie, une propriété surplombée par un gigantesque et majestueux figuier de Moreton Bay, Dawn et Peter O'Neil y coulent des jours heureux avec leurs enfants, jusqu'au jour où Peter meurt brutalement. Alors que Dawn s'écroule, descend jusqu'aux confins d'une douleur qu'elle n'arrive pas à surmonter, sa fille, Simone, du haut de ses huit ans, croit entendre la voix de son père dans les frémissements, les craquements d'un arbre surplombant les fondations de leur maison, un secret qu'elle partage avec sa mère, un secret qui va permettre à Dawn de sortir de sa torpeur.   


Critique 
Derrière un tel titre, difficile d'imaginer autre chose qu'une ode à la Nature. Celle qui nous apaise, reste le témoin passif et presque immuable de nos existences éphé­mères... mais aussi celle qui emporte tout sur son passage, par le grignotement tran­quille de la végétation ou par la violence incontrôlable d'une météo capricieuse. Mais L'Arbre est bien plus que cela, puisque cet élément éponyme est à la fois le lien qui unit et le pilier qui supporte toute une famille secouée par l'événement qui les dé­passe.  

Plus ou moins librement adapté du roman de Judy Pascoe, L'arbre du père, le film perce délicatement et avec pudeur une facette de la difficile étape que représente le deuil, traversé de part en part d'une poésie animiste.

Peter (Aden Young) et Dawn (Charlotte Gainsbourg), un couple simple et heureux depuis plus de quinze ans, vivent avec leur quatre enfants dans l'immense et luxuriante campagne australienne, abrités par une mai­son en bois brinquebalante et chaleureuse, elle-même surplombée par un énorme fi­guier multicentenaire. Une harmonie humble et authentique sans ombre... qui se rompt sans crier gare lorsque Peter est frappé par une mort fulgurante sous les yeux interloqués de la totalité de sa famille. Il faut mainte­nant apprendre à vivre avec l'absence, et chacun cherche sa voie comme il peut. 

L'unité jusqu'alors indéfectible de la petite communauté fait place à l'individualisme propre au chagrin, mais il y a bien quelque chose (quelqu'un ?) qui reste fidèle et in­changé depuis que Peter a disparu : le gigantesque figuier, qui assiste muet à toute leur histoire depuis que le foyer a été fondé. Simone (la pétulante Morgana Davies), la seule petite fille de la fratrie, découvre un soir qu'elle peut communiquer avec son père, bercée par les soupirs du vent dans les branches tentaculaires de l'arbre. Cette révélation devient un secret partagé avec sa mère, en grande détresse elle-même, et progressivement le « monstre » majestueux devient une sorte de confident pour toute la famille.

Très vite cependant, il se révèle être aussi dangereux qu'il n'est rassurant, lorsque racines et branches viennent envahir les canalisations et les fondations de la maison... faudra-t-il se résoudre à l'abattre ? 

Tous sont rigoureusement partagés entre la tentation de sombrer et le désir de conti­nuer à vivre. Vient s'ajouter le délicat personnage de George, la pièce rapportée qui invite la page à se tourner, en essayant de respecter une distance nécessaire au deuil. Mais au-dessus de toutes ces âmes esseulées, se dresse donc le personnage qui n'en est pas vraiment un mais fait office de ciment et de dilemme, à la fois sta­tique, vivant, tentaculaire et organique : l'arbre. Julie Bertuccelli le filme d'ailleurs comme une véritable personne, qui parle, se meut et pense tellement fort que chacun le prend pour confident. 


Avis 
J'ai beaucoup apprécié ce film, de part le sujet qu'il traite (le deuil) de manière très poétique et sensible, voire original. J'ai été impressionnée par l'arbre dont il est question, les prises de vues sont superbes, rend le film serein, apaisant, bien que troublant. J'ai adoré aussi Charlotte Gainsbourg "sensible". La relation que tisse Simone avec l'arbre, afin de garder ce lien avec son père, nous rappelle que la Nature peut aussi être un amie de l'homme. On la croit souvent inhospitalière mais pas toujours... La preuve ! 



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