29 mars 2010

FILM : The Basketball diaries

Voilà un film exceptionnel sur le thème de la drogue ! THE BASKETBALL DIARIES est un film américain réalisé par Scott Kalvert sorti en 1995, d'après le roman de Jim Carroll.


Synopsis
Quatre copains dissipés d'une école catholique de New York ont une passion en commun : le basket. Lorsque Bobby meurt d'une leucémie, Jim et ses copains sont confrontés à la dure réalité de la vie qui leur apparaît de plus en plus absurde. Jim se confie à son journal intime, mais l'écriture ne l'empêche pas de se droguer. Sa mère finit par le mettre à la porte. Il continue d'écrire, mais les pensées qu'il consigne dans son journal prennent une tournure surréaliste, témoignant au quotidien de sa descente aux enfers.


Avis
J'ai longtemps entendu parler du film avant de le visionner pour la première fois l'an dernier, à 19 ans. 
J'avais vu, quelques mois auparavant, "Requiem for a dream" et n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle. Cela dit, j'ai fort bien apprécié celui-ci, un peu moins "trash" mais qui nous emmène aussi dans l'enfer de la drogue, et de près ! En effet, on assiste aux conséquences dramatiques que peut entrainer la drogue et aucun des personnages n'en sortira indemne. Il y a aussi une touche plus affective liée à l'histoire de Bobby et l'amitié qui l'unit à ses camarades. Impossible de rester insensible ! 
  

FILM : The visitor

THE VISITOR est un film américain réalisé en 2007 par Thomas McCarthy avec Richard Jenkins, Hiam Abbass, Haaz Sleiman et Danai Jekesai Gurira.


Sypnosis  
Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès...

Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas : victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.

Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions. Tandis que les deux hommes deviennent amis, les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompent.

Mais lorsque Tarek, immigré clandestin, est arrêté par la police dans le métro, puis menacé d'expulsion, Walter n'a d'autre choix que de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à son ami...


La genèse du projet
The Station Agent, premier film très remarqué de Thomas McCarthy, est un peu à l'origine de The Visitor. Le Département d'Etat américain (ministère des Affaires étrangères) avait incité le réalisateur à montrer son film au Moyen Orient dans le cadre d'un programme culturel de rapprochement entre les peuples. C'est au cours de ce voyage que Thomas McCarthy s'est mis à réfléchir au gouffre insondable qui sépare les Américains du reste du monde. Il a été fasciné par les artistes qu'il a rencontrés là-bas et la passion qu'ils mettent dans leur travail. "Je voulais qu'on sente cela dans The Visitor", raconte-t-il. "C'est de là que m'est venue l'idée du personnage de Tarek." Au même moment, le réalisateur développait le personnage du professeur d'université vieillissant qui a perdu son goût pour son métier. "Et puis je me suis débrouillé pour que les deux personnages se rencontrent", conclut-il.


Le thème de l'immigration
The Visitor aborde le thème sensible de l'immigration. Le réalisateur Thomas McCarthy explique : "Il ne s'agissait pas de s'ériger en procureur et d'affirmer que ceci était bien, et cela ne l'était pas, mais plutôt d'aborder cette situation avec empathie et compréhension. On parle de gens, pas seulement d'une cause politique." Thomas McCarthy n'a pas cherché à réaliser un film politiquement engagé, mais à révéler la dimension humaine d'un problème social majeur. "Les personnages se laissent entraîner dans une situation qui fait aujourd'hui partie de l'espace public : l'immigration et la détention", souligne-t-il. Le film ne changera sans doute pas la face du monde, mais il tente au moins de nous rappeler l'aspect humain et les conséquences d'un sujet hautement polémique. D'une certaine manière, je tends un miroir à la société pour dire : "Voilà ce qui se passe. Est-ce qu'on approuve ou pas cette situation ? Y a-t-il encore de la place pour le débat ?"


Sur un air de djembé !
Le djembé, un instrument de percussion très populaire, est un élément central de The Visitor. Le réalisateur Thomas McCarthy explique : "On cherchait des sons comme ceux des gamins qui tapent sur des seaux dans la rue ou des types qui font des percussions à Central Park." Pour l'acteur Haaz Sleiman, la musique est la langue dans laquelle Tarek et Walter communiquent. "Bien plus qu'avec les mots, selon moi", précise-t-il. "S'il n'y avait pas eu la musique, je ne pense pas qu'ils auraient lié une aussi profonde amitié." La musique fait évoluer Walter, ce qui laisse dire au réalisateur Thomas McCarthy que "le film montre comment la musique transcende les frontières et les barrières culturelles. La musique unit tous les hommes. Il y a quelque chose de très primaire et de très puissant dans le soulagement qu'on peut trouver dans la musique. Si nous avons un lien aussi affectif avec elle, c'est parce qu'elle est pure. Je crois que c'est ce que découvre Walter dans le film."


Avis 
Difficile devant ce superbe "The Visitor" de ne pas faire le parallèle avec la situation française en matière de traitement des immigrés clandestins, et de ne pas penser au film de Lioret, "Welcome". Au-delà de la question soulevée et pertinente sur la place des immigrés dans notre société, le film réfléchit sur l'enrichissement émanant du mélange des cultures. Sans laisser trop de place au sentimentalisme, le film se referme sur une triste réalité, faisant plutôt froid dans le dos. L'autre atout du film, est l'excellente interprétation d'un Jenkins, qui avait été nommé aux Oscars pour son rôle et cette carte postale d'un New York, un peu hors des sentiers battus, qui vaut assurément le détour ! Le spectateur est devant l'image la plus simple qui soit : celle d'un homme enfin face à lui-même.



26 mars 2010

LIVRE : Art dramatique et déficience intellectuelle

Un autre guide théorique et pratique dont je dispose : "Art dramatique et déficience intellectuelle" écrit par Johane Doyon.

Présentation de l'auteur 
L'auteur  est professeur en techniques d'éducation spécialisée et est titulaire d'un bac en art dramatique et d'une maîtrise universitaire en éducation, dont la thèse portait précisément sur l'apport de l'art dramatique dans le développement de la personne ayant une déficience intellectuelle. Ce livre est dédié à son grand frère défunt, atteint d'une trisomie 21 et qui a été sa source d'inspiration dans la réalisation du présent guide.  

Présentation du livre  
Vous l'aurez compris, ce livre est destiné à tout professionnel travaillant avec des personnes - quel que soit leur âge - ayant une déficience intellectuelle. 
Le livre est divisé en chapitre, chacun étant spécifiquement relié à une sphère de l'être humaine (affective, sociale, psychomotrice, cognitive). Le premier chapitre est bien sûr consacré à présenter la personne déficiente, ses besoins, expliquant également l'apport de l'art dramatique aux sphères énoncées ci-dessus. Le dernier chapitre aborde le rôle de la personne intervenante lors des activités.

Chaque activité est présentée en une page, reprenant :  
- L'objectif général 
- Les objectifs spécifiques 
- La description de l'activité proposée 
- Des consignes claires et précises afin de mener au mieux l'activité  
- Un "coup de pouce", autrement dit des astuces
- Le lieu idéal et la durée 
- Le nombre min. et max. de participants 
- Le matériel nécessaire 
- Des "variantes", c'est-à-dire différentes manières de concevoir l'activité en ajoutant tel ou tel élément (selon...)  

En bref, on peut dire que les fiches pratiques sont claires et concises. De plus, en fin de fiche, un espace est réservé à vos commentaires et observations. 

Mise à jour mars 2011 : Durant mon stage de cette année, que j'effectuais dans un centre de jour pour adultes ayant une déficience intellectuelle, j'ai utilisé ce livre pour mon projet de stage. J'ai choisi les fiches d'activités utilisant l'outil "émotion", et j'ai ainsi travaillé les émotions au sein d'un groupe de parole. Evidemment, il ne s'agissait pas de reprendre tel quel les fiches, je les ai adaptées, j'en ai surtout retiré des pistes d'activités et de réflexions.

21 mars 2010

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (6)

Les éducateurs en service d'aide en milieu ouvert (AMO)


Une jeune fille en fugue se présente au sein de notre service.

Elle ne supporte plus l'ambiance familiale et le manque de communication entre elle et ses parents.

Nous lui expliquons alors les principes de notre A.M.O. et le travail que nous pouvons effectuer avec elle. Nous lui proposons également de contacter ses parents dans le but de les rassurer, tout en respectant son choix de mentionner ou non l'endroit où elle se situe, ainsi que son envie ou non d'inviter ses parents.

Par ailleurs, quand la police nous appelle pour nous demander si cette fille est dans nos locaux, nous ne cherchons plus à nier sa présence au sein de notre service. Cependant, un contrat, devenu implicite, est établi entre nous et la police. Dans le but de respecter le rythme du jeune et tout en le responsabilisant, la police ne prend plus l'initiative d'informer les parents de l'endroit où se situe la jeune, c'est à la jeune à le faire.

Par contre, dans un souci d'anonymat et pour éviter une certaine méfiance de la part du jeune vis-à-vis de nous, nous ne demandons pas à communiquer les coordonnées exactes du jeune. Nous ne divulguons aucune information concernant les jeunes (à quiconque), sans leur accord, même si des personnes se présentes et se disent proches du jeune.

Un éducateur, AJMO à Charleroi, janvier 2000.

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Coup de fil : le permanent : « Service d’aide aux jeunes, bonjour ».

A l’autre bout du fil, une voix masculine explique que sa fille a disparu depuis la veille. Elle est certainement en fugue parce qu’ils ont quelques difficultés familiales pour l’instant. La police lui a dit qu’elle pourrait peut-être se trouver dans notre service.

Le permanent présente alors le service et lui explique qu’il ne peut pas lui dire si la jeune fille est là ou non, à cause du principe d’anonymat garanti au jeune. Ceci afin de le sécuriser par rapport à une éventuelle « dénonciation » du service et éviter ainsi qu’il ne reparte dans la rue, mais également pour le responsabiliser par rapport à ses actes. Nous travaillons à ce que le jeune prenne conscience que son « histoire » est liée à ses parents et qu’à un moment ou à un autre, il sera à nouveau amené à leur parler.

Le jeune décidera alors quand et où cela se fera. La plupart du temps, il contacte ses parents rapidement ou nous demande de le faire.
L’anonymat. ( par une éducatrice dans une A.M.O.)
             
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Une jeune fille de 14 ans arrive chez nous expliquant qu’elle ne veut plus rentrer chez ses parents: « Je ne veux plus les voir. La vie avec eux n’est plus possible ».

Deux permanents l’invitent à expliquer ce qui lui pose problème, ce qui fait qu’elle est partie, l’élément déclencheur.

De fil en aiguille, elle se rend compte qu’elle se sent délaissée par son père depuis l’arrivée de sa belle-mère. Elle a l’impression que son papa ne l’aime plus mais finalement, elle n’a pas vraiment envie de quitter la maison.

Nous lui proposons une médiation avec les personnes concernées. Elle accepte et leur téléphone pour les inviter à venir.

Lors de cette rencontre, les uns et les autres pourront entendre leurs difficultés et leurs aspirations réciproques. Ils décideront finalement de reprendre la vie commune sur base d’un contrat proposé par la jeune fille et signé en notre présence. A leur demande, un rendez-vous est fixé. Ceci afin d’évaluer ensemble l’évolution de la situation.

En effet, une des missions de l’A.M.O. est de maintenir le jeune dans son milieu de vie lorsque cela est possible.

La médiation ( par une éducatrice dans une A.M.O.).
 

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 Un jeune garçon de 16 ans s’adresse au service pour des difficultés relationnelles qu’il vit avec ses parents. Il semble inquiet de l’utilisation que l’on pourrait faire de ses confidences.

Dans la présentation du service que nous faisons au jeune, nous insistons sur la confidentialité que nous lui garantissons.

Ainsi, nous lui expliquons que ce qu’il nous dit lui appartient et que, quels que soient les contacts que nous puissions avoir avec d’autres personnes à son sujet, rien de ce qu’il nous confie ne sera dit sans son accord.

De même, s’il opte pour une médiation avec ses parents, nous travaillerons ensemble ce qu’il veut leur transmettre.


La confidentialité ( par une éducatrice dans une A.M.O.).

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (5)

Les éducs qui travaillent en prison... Et oui, il y en a quelques uns en Belgique !


" J'avais une idée préconçue de l'univers carcéral, oscillant entre films de série B et témoignages d'ex-détenus lors de débats médiatiques. J'étais loin d'imaginer ce que j'allais vivre en ce début de mois de septembre 1999.

J'appréhendais le contact avec "les matons" qui comme de bien entendu ne pourraient jamais comprendre des motivations sociales. Je dois reconnaître que la réalité est toute autre.

Les surveillants font un métier difficile dans des conditions difficiles. La société ne peut se passer de leurs services, mais ne marque aucune considération pour des hommes qui vivent au quotidien toutes les misères de nos sociétés industrialisées post-modernes. Ce n'est pas une pièce de métal en usine qu'ils travaillent, c'est de la gestion du lieu de vie des détenus dont il est question.

Du côté des détenus, on est loin de l'image d'Epinal. On retrouverait deux types d'individus en prison: la brute épaisse dans sa cage et la victime d'une erreur judiciaire. Dieu, merci, notre réalité est formidablement plus complexe que nos rassurants préjugés. Il nous permettent de ne pas affronter l'ambiguïté de ce monde.

On est emporté par un tourbillon de nationalités, d'âges, de confessions et de classes sociales différentes. Un mélange des styles qui ne jurerait pas avec la tour de Babel, où chaque détenu se retrouve pourtant confronté à lui-même, ce qui n'est pas toujours agréable et facile à vivre.

Ce qui surprend, c'est le contraste entre la pauvreté du lieu et son extraordinaire richesse humaine. C'est un lieu de vie, un rythme et une organisation précise. Ses impératifs sécuritaires et domestiques. Ses échéances entre commissions et libérations. Ses échéances entre commissions et libérations. Ses moments de joie et de peines entre visites et condamnations. La prison nous renvoie vers nous-mêmes et le questionnement existentiel.

Si tout le monde s'accorde sur la nécessité d'un système carcéral, le défi de ses éducateurs est de lui donner un sens. Loin de tout jugement et dans le respect des valeurs de l'autre. Pouvoir accompagner l'individu pris dans la tourmente à la rencontre de notre dignité d'être humain respectifs. Jongler entre les contraintes sécuritaires et la détresse des individus.

Confronté à une structure forte, un des enjeux de l'éducateur est de pouvoir institutionnaliser son action au sein de l'établissement pénitentiaire. Pouvoir exploiter au maximum l'espace et le temps restant, sachant que les éducateurs n'existaient pas encore dans la prison lors de sa conception structurelle.

Sur un plan plus philosophique, il n'est pas nécessaire d'être enfermé pour être en prison. Nous connaissons tous des personnes prisonnières de leur vie, ayant perdu tout pouvoir de décision. Aussi, il arrive qu'on puisse, en prison, rencontrer des hommes libres."

Kassim Benmouna, éducateur à la prison de Lantin, janvier 2000

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Educatrice en prison 

Depuis juillet 1999, les éducateurs ont investi le milieu carcéral. Pas tout le milieu carcéral; certaines prisons seulement: Lantin, l'établissement de défense sociale de Paifve, Mons, Andenne et Namur.

Notre travail est très diversifié et correspond à la demande de chaque établissement.

Tout était à faire et reste à faire: cela nous laisse certainement une large marge de manœuvre, mais cela nous impose aussi de faire preuve de créativité dans une institution très "lourde", très hiérarchisée.

Le milieu est fermé au propre comme au figuré. Les moyens d'intervention éducative sont restreints et dépendent souvent de la prison dans laquelle on se trouve, et si "l'extérieur" et "l'intérieur" rentrent de plus en plus en relation, il reste que chacun devrait se sentir un tant soit peu responsable de ces "autres différents" car sans cela, il est inutile de vouloir changer quoi que ce soit.

C'est aussi une forme de citoyenneté: chaque détenu reste un citoyen à part entière et nécessite aide, soin et considération comme tout autre.

L'arrivée des éducateurs en prison constitue cependant, pour moi, un progrès important dans l'intérêt porté à ceux que l'on voudrait trop souvent oublier pour de multiples raisons.


Agnès Lambert, éducatrice à la prison de Namur.
 

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Engagés dans le cadre d'un expérience pilote dans le monde carcéral, notre travail d'éducateur devait rencontrer des objectifs précis définis par la direction de la prison d'Andenne.

Pour comprendre le travail entrepris, il est utile de préciser la notion d'activité encadrée: de 19h à 20h45, du lundi au vendredi, tous les détenus bénéficient d'activités libres dans leur aile respective, sauf dans une aile qualifiée de "protégée" par rapport à sa population. Afin d'éviter des problèmes de violence, racket et autres, les détenus de cette section ne quittent leur cellule que pour participer à des activités encadrées par les éducateurs ou des personnes extérieures à la prison dans le cadre d'activités spécifiques.

L'objet de ce travail est double :


Chacun des 33 détenus de cette aile doit participer à trois activités encadrées par semaine sans que cela n'entraîne un surcroît de travail aux agents de surveillance.

Les activités proposées doivent, dans la mesure du possible, être porteuses d'éléments positifs dans une perspective de réinsertion sociale et économique.

Les activités proposées sont de type sportif et socio-culturel :

Body, streching, mini-foot, tennis de table, échecs, lettres, culture, dessin, aquarelle, musique, poterie, théâtre, forums de discussion, lecture vivante et écriture, cuisine, jeux de société, cartes.

Nous avons intégré ces activités dans des journées complètes.

Autre mission importante :


En parallèle aux structures existantes de cours d'alphabétisation et de remise à niveau, nous soutenons les détenus qui suivent des cours par correspondance, quel que soit le niveau de leurs études.

Polet Jean Luc et Evrard Pierre, éducateurs à la prison d'Andenne, janvier 2000


TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (4)

Témoignages d'éducateurs de rue et dans les services de proximité.


Médiateur de quartier : un travail de rue, de proximité.

Rôle :

  - tisser des liens entre les personnes, les associations, les groupes divers;

  - utiliser les services existants pour créer une trame de solidarité au sein du quartier;

  - rendre aux habitants leur pouvoir de décision et d’intervention dans la rue, leur redonner le goût de la participation;

  - résoudre les conflits de voisinage, (intergénérationnels et culturels) par la médiation.

Moyens:

le travail dans la rue et une permanence d’écoute et d’accompagnement.

La permanence nous permet de laisser aux personnes qui le désirent la possibilité de nous joindre, de nous rencontrer.

Notre présence sur le terrain est notre plus grande force. C’est en fréquentant les lieux de vie des habitants du quartier qu’on peut le plus naturellement établir des contacts, créer des liens.

Les besoins des habitants se dégagent peu à peu, au fur et à mesure des rencontres et des discussions.

Des réunions sont également organisées sur des thèmes comme la sécurité, la convivialité, l’environnement. Elles permettent aux personnes d’exprimer leurs sentiments et de dégager leurs besoins.

L’idée d’un travail communautaire de quartier peut alors émerger afin de répondre à ces besoins et de dégager des solutions personnelles et personnellement réalisables.

Chantal Magnée, médiatrice de quartier, service de prévention, Verviers.
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Services de proximité

Médiateur de quartier : un travail de rue, de proximité (suite).

Le travail de rue est un mélange de tournées et d’arrêts à des points précis, parfois cruciaux ou problématiques, parfois riches de convivialité et de rencontres. Nous sommes directement en prise avec les problèmes et tensions du quartier.

Le travail de rue nous permet également de suivre une problématique familiale « sur le terrain », d’être disponible pour les personnes déstructurées, qui n’ont plus que le pavé comme lieu de vie et d’expression.

Plusieurs suivis individuels peuvent ainsi être menés.

La médiation : nourrie par les contacts établis au cours du travail de rue, elle est un outil indispensable à la résolution des conflits.

Si les personnes nous abordent spontanément dans la rue pour nous livrer leurs inquiétudes ou leur colère face à un voisin, un parent..., elles ne le font pas toujours dans l’esprit d’une médiation, celle-ci étant encore mal connue, c’est à nous de les y amener.

                        
 
 

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (3)

Témoignages d'éducs travaillant dans le secteur de la santé mentale.


« ... Dans le travail de l’éducateur, la gestion de la distance affective est un aspect particulièrement important... on doit se « méfier » des gens qu’on aime bien parce que lorsque l’on est trop empathique, si dans un premier temps on leur fait du bien, dans un deuxième temps on va induire, sans s’en rendre compte, de nouveaux dysfonctionnements chez eux... »

(Extrait de l’intervention de A. Herbeto - Chef éducateur au centre Les Hautes Fagnes).

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« Travailler en psychiatrie infantile est difficile mais très intéressant. Si le travail est lent et se fait le plus souvent sur base d’hypothèses, les échanges en équipe pluridisciplinaire qui permettent de construire ces hypothèses sont particulièrement enrichissants.

La prise en charge des enfants est lourde: les activités sont organisées du lever jusqu’au coucher et la présence des éducateurs est constante. Les effets de cette organisation structurante se voient d’abord dans l’apaisement des enfants: ils reprennent un rythme de veille et de sommeil normal, n’ont plus besoin de médicaments pour s’endormir et montrent moins d’angoisse. C’est un travail exigeant et je me dis parfois qu’il y a un sur-investissement professionnel
».

Ch. S., psychiatrie infantile


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« Je me suis toujours demandé pourquoi l’on disait de certains (au masculin ou au féminin): « Ah, celui-là, c’est un éducateur! Un vrai! » Pourquoi devient-on, pourquoi est-on éducateur? Peut-être en souvenir des soeurs de la charité qui influencent toujours l’image que l’on a de notre métier, parce que l’on veut faire de l’amour un métier. Vénal un peu, mais moral, surtout si l’on s’en défend. Pourtant qui ose encore croire à l’altruisme pur? Il est plutôt question de se construire en construisant, ou plus souvent en reconstruisant, l’autre.

Et pour ce faire, il faut se servir de soi comme d’un repère, un repère amical certes, mais aussi solide, stable, éduquant, structurant. Il faut accepter, et toute la richesse est ici, pour soi comme pour l’autre, de jouer souvent un rôle bien différent de celui qu’on joue en privé particulièrement je crois, lorsque l’on s’adresse à une population toxico-dépendante où il est question d’aimer sans doute, mais aussi d’assumer de ne pas toujours l’être d’emblée. Pour que la relation s’apaise, n’est-il pas nécessaire que les premiers orages, c’est-à-dire, les premières confrontations à des repères qui tiennent - et nous sommes ces repères - soient passés?

De grands dangers guettent l’enthousiasme du jeune éducateur qui voudrait se spécialiser dans le domaine de la toxicomanie. J’en vois deux qui me paraissent prépondérants et devoir être abordés avec prudence.

D’abord, soutenir le choix de l’autre, ce n’est pas répondre à son premier désir. Ensuite, soutenir le choix de l’autre, c’est d’abord LE CONNAITRE et donc, particulièrement dans le cas qui nous occupe, comprendre qu’il n’est pas toujours, pas seulement, celui qui est dit ou affiché ».


Armand Herbeto

Les Hautes Fagnes, centre de post-cure pour toxicomanes.
 

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (2)

Après les éducateurs travaillant avec l'enfance et la jeunesse en résidentiel, voici des témoignages d'éducs dans le secteur de l'aide aux personnes handicapées.


Nadine Lebrun - Centre de Rencontres de Montignies sur Roc - Adultes handicapés mentaux 
En tant qu'éducatrice, je me sens inspirée, ce que je suis moins aujourd'hui, mais je vais malgré tout, tenter de vous expliquer ce que je ressens, ce que je vis et ce que je voudrais faire vivre à ces garçons avec lesquels je travaille.

Il est vrai que "mes gars" ne sont pas des handicapés profonds et que, grâce à la structure mise en place autour d’eux, ils mènent une vie quasi-normale (du moins, c'est ce que le centre veut leur apporter).

Je ne suis pas depuis très longtemps dans le profession, vous me trouverez donc, peut-être, utopiste, pleine d'espoirs et de beaux rêves, mais je vais tenter tout au long de ma carrière de garder cet "esprit-jeune". Ce que je redoute le plus, c'est de me sentir blasée, mais ce n'est pas dans mon caractère... alors...?

Un vague souvenir d'un cours de didactique me remonte en mémoire: les rôles des éducateurs dans le temps: moi, je m'étais positionnée dans la catégorie "éduc-scout-bénévole"!

Et, dans chaque travail que je réalise, j'en reviens toujours à ce côté "scout débrouillard".

Je suis une "touche à tout", de la broderie à la maçonnerie, en passant par... ce que vous voulez. C'est ça que mes gars apprécient, avec eux je fais tout, avec moi, ils font n'importe quoi.

Nous avons une recette magique :

une bonne dose d’imagination;

un carton plein de récupération;

un soupçon de réflexion;

un grand bol de bonne volonté;

une cuiller de discussion;

une pincée d’innovation;


...

Ajoutons-y-ce que nous voulons selon l'inspiration.

Mélangeons dans la bonne humeur et nous obtenons 13 gars heureux d'avoir créé quelque chose, d'avoir réalisé par eux-mêmes l'œuvre...

Pour moi, tant que je serais inspirée, je sais que je ferai du bon boulot. Tant que je regarderai mes gars avec un œil neuf, sans les juger, je sais que j'aimerai mon boulot;

Un vieux sage chinois a dit un jour: "Dans une journée, tout ce qui n'est pas donné est perdu"... et je n'ai rien à perdre, j'ai tout à leur donner car ils m'apportent tant. Dans leur regard, leur sourire, leurs mimiques... dans leur différence.. dans leurs cris, leurs larmes... dans ce qu'ils sont.

Des êtres humains capables de tant d'humanité !

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" L'esprit, l'accueil, le quotidien, nous avions l'impression de connaître... Et pourtant très vite, nous avons été confrontés au problème de la reconnaissance du corps, de la sexualité (...) Il est pour nous de première importance de reconnaître à chacun le droit au respect de son corps, de son intimité ".

Ali Barkati et Dominique Cambron

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" Nous avons réalisé un déplacement au théâtre de "La Courte Echelle" à Liège. Une des marionnettes incarnait un personnage en voiturette. Drôle et émouvante, la saynète a amené beaucoup de réflexions chez les résidents.

P. Lefebure et M. Remacle, éducateurs à la Pommeraie, Huy

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"Etre éducatrice"

Je travaille actuellement avec des enfants psychotiques de 8 à 10 ans.

Je pense que le métier d'éducateur est un équilibre à trouver au jour le jour avec ces enfants, selon les problèmes qui se présentent, leur état émotionnel du moment, selon leur humeur et la mienne (à essayer de verbaliser plutôt que de la projeter sur eux si elle est mauvaise).
Nous devons nous rendre compte que les comportements de ces enfants ne sont jamais que les symptômes de leur souffrance, pour nous permettre de les accompagner et de verbaliser cette souffrance.

A cela doit s'ajouter un cadre de vie structuré avec des limites, permettant ainsi le respect de chacun.

Je tiens à ajouter ici un élément essentiel du métier: l’éducateur doit avoir un très grand équilibre et pour ce faire, se remettre en question, suivre des formations adéquates et acquérir ainsi une plus grande compréhension des choses.

Annie D'Hainaut

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (1)

Comme je l'annonçais dans l'article précédent, je vais poster ici quelques témoignages d'éducateurs par secteur.
Je me permets, sans prétention, de commencer par des éducateurs travaillant dans le secteur où j'ai effectué mon stage, c'est-à-dire l'éducateur en résidentiel dans le milieu de l'aide à l'enfance.


Présent singulier, passé pas si simple! 
Quel vécu!

- "Marc, viens vite, on part voir ton papa."

- "J'ai mis mon beau jeans noir et le petit polo que j'ai reçu pour ma Saint-Nicolas. Comme cela, je suis tout beau pour aller le voir en prison. Tu sais, Jacques, je suis content qu'il soit là-bas. Au moins, je suis sûr de pouvoir le voir régulièrement et cela l'empêche de faire d'autres bêtises". 


 
Marc est placé depuis deux ans dans l'institution où je travaille. Avant d'arriver chez nous, il était dans une famille d'accueil. Mais la famille d'accueil a foiré... Le couple s'est séparé. Le juge de la jeunesse a donc "réorienté" Marc dans une autre institution d'aide à la jeunesse. Le "home", il connaît, car avant d'être en famille d'accueil, Marc avait déjà été hébergé dans une institution accueillant des petits; il y avait séjourné une dizaine de mois.

Depuis qu'il est arrivé dans l’institution, pas mal de choses se sont déjà passées. Marc a recommencé à rencontrer plus régulièrement son père et la compagne de celui-ci. Il a retrouvé sa maman qui, à présent, vient le voir tous les deux mois. Il est retourné vivre chez son papa et sa compagne, mais là aussi, le couple s'est déchiré et Marc est revenu chez nous. Il est resté longtemps sans revoir son père devenu clochard. Il a de nouveau pu lui rendre visite lorsque celui-ci était en prison. En un an, le papa de Marc est rentré en prison à Jamioulx, en est ressorti, y est retourné, a été transféré à Tournai, est ressorti de prison, a été appréhendé et est à nouveau rentré à Jamioulx.

Marc a un vécu « riche » en événements et il a encore une longue vie devant lui. Aujourd'hui, il n'a que 8 ans.

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L'éducatrice, face aux contacts ou rencontres avec les instances dites supérieures (S.P.J., S.A.J., tribunaux…) se classe en trois catégories:

La première, la plus catégorique, est celle où l'éducateur s'en fiche: "après tout, ce n'est pas mon boulot et je ne suis pas payé pour ça". Point final.

La deuxième, la plus stressante, est celle où l'éducatrice voudrait bien… mais n'ose pas, de peur du ridicule, de peur de malfaire, mal dire devant les gens qu'il lui était même, voici peu, interdit de rencontrer. Cet éducatrice-là dépassera peut-être sa crainte si elle se sent soutenue, épaulée et dirigée dans ce domaine qu'elle connaît mal. A elle de se "jeter à l'eau", d'essayer de rester à la surface et elle finira tôt ou tard par savoir nager… plus ou moins bien.

La troisième, la plus enrichissante sans doute, est celle où l'éducateur, par ses facilités, ses compétences, acquises à gauche et à droite, sa détermination certaine, la disponibilité parfois, s'invite plus facilement à des débats extérieurs. Il y trouve une place, même s'il doit "s'accrocher" aux côtés d'intervenants psycho-sociaux (qui décodent tellement bien et tellement vite les problématiques de certaines familles), ou de responsables pédagogiques ou directeurs d'institution à qui, il faut dire, on donne plus aisément le droit à la parole(parfois l'éducateur est totalement ignoré).

Quoi qu'il en soit, n'oublions pas que l'éducateur, c'est avant tout, la personne proche de l'enfant. C'est celui qui le lave, qui reçoit ses gros chagrins, qui lui apprend les limites, qui lui explique l'absence de son papa aujourd'hui et peut-être demain encore, qui le berce avant de s'endormir, qui partage ses week-ends et ses réveillons avec lui, qui se lève la nuit pour changer ses draps remplis de vomi et qui se surprend à penser à lui en-dehors de ses prestations. Vaste programme, non?

Et pourtant, connaissez-vous une autre dénomination que "petit éducateur (comme on dit)" pour définir quelqu'un qui essaye de mener à bien cette tâche élémentaire mais combien importante, et, enrichissante, aussi?

Christine Kaise, janvier 2000

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Des idées toutes faites...

Avant mon arrivée dans l’institution accueillant des jeunes filles en difficulté, j’avais beaucoup d’appréhensions. J’imaginais toutes ces filles en crise, ce qui, pour moi, impliquait de leur part un comportement chargé de violences physiques et morales vis-à-vis de la société en général.

Dès le premier jour, je me suis rendu compte que mes idées étaient tout à fait fausses. Bien sûr, les filles que j’ai rencontrées sont en crise, mais cela ne les empêche pas d’être très accueillantes. De plus, la structure de l’institution correspondait vraiment à celle d’une maison familiale inspirant un sentiment de sécurité et de liberté.

Dès ce premier jour, je me suis sentie rassurée quant au déroulement futur de mon travail.

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Le premier entretien familial

L’unité de vie où je travaille accueille une quinzaine d’enfants âgés de 3 mois à 12 placés pour un séjour plus ou moins court, selon les problématiques.

Dans tous les cas, nous essayons de mobiliser les familles.

Je me souviens de mon tout premier entretien familial.

Je me suis retrouvée, avec un collègue, devant un couple, dont le papa avait les épaules aussi larges qu’un footballeur américain et qui me fixait comme si j’étais le diable...

Quelle ne fut pas mon angoisse lorsque je dus lui réexpliquer les raisons du placement et les différents objectifs de travail qu’ensemble nous fixions.

Quel soulagement lorsque l’entretien se termina. J’étais trempée de la tête aux pieds et j’angoissais déjà pour le prochain entretien!

Avec du recul et de la réflexion, je peux aborder cette phase essentielle du travail d’éducatrice avec beaucoup plus de sûreté et sans crainte.

Il est heureux que j’y sois arrivée car cela me permet d’avoir une vue différente sur les problématiques des enfants et donc de mieux comprendre certains de leurs comportements. Les parents sont de réelles ressources pour notre travail.

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Etre éducatrice au Sacré-Coeur, groupe de la "Maison", c'est accueillir plus ou moins 10 filles en difficulté familiale, le temps de permettre à chacun de retrouver sa place.

Le temps est mis à profit pour effectuer un travail avec la jeune et sa famille en préparation d'un retour.

Il s'agit donc de vivre avec les filles, leurs humeurs, leurs joies, leurs colères, leurs chagrins, leurs difficultés, leurs bonheurs, leurs malheurs.

Leur assure de l'écoute, de l'attention, une présence rassurante, un appui, mais aussi une motivation pour prendre leur avenir en main.

Les qualités pour effectuer ce travail sont dès lors beaucoup de patience, de temps à donner, d'énergie à investir, de capacité d'analyse et de travail d'équipe mais aussi des nerfs d'acier et une aptitude à réagir tout de suite à des situations critiques.

Dominique Meurée , Maison du Sacré-Coeur

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L’éducateur doit être un soutien pour le jeune lorsque ce dernier est sur son lieu de prestation. Il ne doit pas hésiter à prodiguer ses encouragements et à féliciter le prestataire quand celui-ci effectue correctement son travail. Il doit aussi savoir assurer son rôle de contrôleur de la bonne réalisation de la prestation.

Il doit être disponible lorsqu’un problème surgit sur l’endroit de travail du jeune, jouer le conciliateur entre le délinquant et le responsable de l’organisme employeur, et de ce fait être l’élément moteur qui assure de bonnes relations avec le réseau associatif qui l’utilise (province, communes, hôpitaux, A.S.B.L.).

L’éducateur doit être en mesure d’évaluer une situation et proposer des solutions ou envisager des relais lorsque la prise en charge le nécessite.

L’éducateur doit savoir rédiger. Il ne doit pas oublier que les rapports sont susceptibles d’être lus par un bon nombre d’intervenants sociaux.

Toutes ces tâches ne sauraient être menées à bien si l’éducateur ne s’obligeait pas à faire part de son travail aux autres membres de l’équipe lors de réunions hebdomadaires, s’il n’échangeait pas sur sa pratique professionnelle avec des travailleurs sociaux d’équipes analogues et/ou ne faisait pas appel parfois à des séances de supervision.

Témoignage du CHOIX, S.P.E.P. de Namur
 
 


LIVRE : Les carnets de l'éducateur

Voilà un livre que je me suis procurée avant de débuter ma formation "Les carnets de l'éducateur". Il est disponible via ce site (vendus au prix de 10 € + 5  €).

Le livre reprenant les carnets suivants :

Les premiers carnets : les contours de la profession

-   L'histoire de la profession: "en remontant le temps..."
-   Les compétences socio-éducatives
-   Regards sur l'éducateurs

Les seconds carnets : les secteurs d'intervention des éducateurs

-   L'Aide à la Jeunesse
-   L'aide aux personnes handicapées
-   La petite enfance
-   Les personnes âgées
-   Le secteur de la santé
-   Le secteur socio-culturel et insertion socio-professionnelle
-   L'éducateur en milieu scolaire
-   Le milieu pénitentiaire
-   L'aide aux adultes en difficultés
-   A partir du CPAS

Les troisièmes carnets

-   Le contenu du travail
-   Les conditions de travail

Ainsi qu'une bibliographie

Dans ces carnets figurent des TEMOIGNAGES D'EDUCS (voir articles suivants). je les ai lus avec beaucoup d'attention car qui a-t-il de mieux pour se faire une idée de chaque secteur que des vécus d'éducateurs ?

Bref, je vous conseille vivement de vous procurer ces carnets car ils sont - à mes yeux - très indispensables pour connaitre au mieux notre métier. :-)

LIVRE : " Je suis complètement battue " d'Eléonore Mercier

La maltraitance en 1.653 phrases...

Travailleuse sociale à l'écoute des femmes battues, Eléonore Mercier a réuni les premières phrases de leurs appels en un livre sidérant.


 
« Je suis complètement battue », « Mon père est violent avec toute la famille », « Mon mari menace de nous tuer moi et les enfants », « Je vous appelle parce que mon concubin m'a tapée plus que d'habitude », « Je commence à avoir de plus en plus peur car avant il frappait sans haine », « J'ai bien sûr été battue », « Je pense que je suis victime de violences psychologiques ». 
Sept phrases parmi les 1.653 qui composent le livre d'Eléonore Mercier. Presque toutes viennent de femmes – moins de trente sont au masculin.

La première, "Je suis complètement battue", donne le titre. Elle ouvre aussi et ferme le texte, expression crue d'une violence dingue, physique et morale, d'angoisses atroces à propos des enfants. Passe encore qu'« on » les frappe, disent-elles en substance, mais qu'on ne touche pas à leurs petits. Aucun commentaire, juste une explication de l'auteur, « écoutante » dans une organisation qui se préoccupe des violences conjugales. 

Pendant dix-sept ans, elle a noté dans des cahiers les communications des femmes appelantes. Puis, elle a réuni en recueil les premières phrases de ces appels. Ces mots dits en premier, et qui disent tout. « Je… », « Mon… », « Ma… », « C'est pour… ».

Qu'il est difficile de respirer après. L'ensemble est sidérant, dérangeant, douloureux, donc nécessaire. Témoignage sur notre société et OLNI, objet littéraire non identifié. Ni roman, ni récit, ni essai, cette longue incantation surprend par sa force littéraire. Tant de vérité et de misère derrière les maladresses de vocabulaire, de style ou d'expression. Tant d'espoirs déçus, d'existences cassées au-delà des mots.

« Nous avons reçu ces phrases comme ça, par la poste, explique-t-on chez l'éditeur, P. O. L. On n'a touché à rien. Eléonore Mercier est venue avec ses cahiers, une sorte de “main courante” des appels. Il nous a semblé extraordinaire de lire dans chaque phrase – qui est chaque fois une première phrase – une vie. D'imaginer la multitude de ces vies et, avec elles, le tragique, la souffrance, la violence, la solitude, l'inquiétude, mais aussi, et juste avant sans doute, l'amour, la passion ou la misère. »

Les phrases recueillies par Eléonore Mercier parlent de femmes et d'hommes. Elles sont des débuts d'histoire de gens et des débuts de fiction. La puissance de ces fictions et de ces imaginaires en dit sans doute plus long sur le réel que beaucoup de documentaires. N'est-ce pas là, la littérature ?
 



Témoignage Je suis complètement battue 
ÉLÉONORE MERCIER 
P. O. L. 
108 pages 
11 euros