21 mars 2010

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (1)

Comme je l'annonçais dans l'article précédent, je vais poster ici quelques témoignages d'éducateurs par secteur.
Je me permets, sans prétention, de commencer par des éducateurs travaillant dans le secteur où j'ai effectué mon stage, c'est-à-dire l'éducateur en résidentiel dans le milieu de l'aide à l'enfance.


Présent singulier, passé pas si simple! 
Quel vécu!

- "Marc, viens vite, on part voir ton papa."

- "J'ai mis mon beau jeans noir et le petit polo que j'ai reçu pour ma Saint-Nicolas. Comme cela, je suis tout beau pour aller le voir en prison. Tu sais, Jacques, je suis content qu'il soit là-bas. Au moins, je suis sûr de pouvoir le voir régulièrement et cela l'empêche de faire d'autres bêtises". 


 
Marc est placé depuis deux ans dans l'institution où je travaille. Avant d'arriver chez nous, il était dans une famille d'accueil. Mais la famille d'accueil a foiré... Le couple s'est séparé. Le juge de la jeunesse a donc "réorienté" Marc dans une autre institution d'aide à la jeunesse. Le "home", il connaît, car avant d'être en famille d'accueil, Marc avait déjà été hébergé dans une institution accueillant des petits; il y avait séjourné une dizaine de mois.

Depuis qu'il est arrivé dans l’institution, pas mal de choses se sont déjà passées. Marc a recommencé à rencontrer plus régulièrement son père et la compagne de celui-ci. Il a retrouvé sa maman qui, à présent, vient le voir tous les deux mois. Il est retourné vivre chez son papa et sa compagne, mais là aussi, le couple s'est déchiré et Marc est revenu chez nous. Il est resté longtemps sans revoir son père devenu clochard. Il a de nouveau pu lui rendre visite lorsque celui-ci était en prison. En un an, le papa de Marc est rentré en prison à Jamioulx, en est ressorti, y est retourné, a été transféré à Tournai, est ressorti de prison, a été appréhendé et est à nouveau rentré à Jamioulx.

Marc a un vécu « riche » en événements et il a encore une longue vie devant lui. Aujourd'hui, il n'a que 8 ans.

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L'éducatrice, face aux contacts ou rencontres avec les instances dites supérieures (S.P.J., S.A.J., tribunaux…) se classe en trois catégories:

La première, la plus catégorique, est celle où l'éducateur s'en fiche: "après tout, ce n'est pas mon boulot et je ne suis pas payé pour ça". Point final.

La deuxième, la plus stressante, est celle où l'éducatrice voudrait bien… mais n'ose pas, de peur du ridicule, de peur de malfaire, mal dire devant les gens qu'il lui était même, voici peu, interdit de rencontrer. Cet éducatrice-là dépassera peut-être sa crainte si elle se sent soutenue, épaulée et dirigée dans ce domaine qu'elle connaît mal. A elle de se "jeter à l'eau", d'essayer de rester à la surface et elle finira tôt ou tard par savoir nager… plus ou moins bien.

La troisième, la plus enrichissante sans doute, est celle où l'éducateur, par ses facilités, ses compétences, acquises à gauche et à droite, sa détermination certaine, la disponibilité parfois, s'invite plus facilement à des débats extérieurs. Il y trouve une place, même s'il doit "s'accrocher" aux côtés d'intervenants psycho-sociaux (qui décodent tellement bien et tellement vite les problématiques de certaines familles), ou de responsables pédagogiques ou directeurs d'institution à qui, il faut dire, on donne plus aisément le droit à la parole(parfois l'éducateur est totalement ignoré).

Quoi qu'il en soit, n'oublions pas que l'éducateur, c'est avant tout, la personne proche de l'enfant. C'est celui qui le lave, qui reçoit ses gros chagrins, qui lui apprend les limites, qui lui explique l'absence de son papa aujourd'hui et peut-être demain encore, qui le berce avant de s'endormir, qui partage ses week-ends et ses réveillons avec lui, qui se lève la nuit pour changer ses draps remplis de vomi et qui se surprend à penser à lui en-dehors de ses prestations. Vaste programme, non?

Et pourtant, connaissez-vous une autre dénomination que "petit éducateur (comme on dit)" pour définir quelqu'un qui essaye de mener à bien cette tâche élémentaire mais combien importante, et, enrichissante, aussi?

Christine Kaise, janvier 2000

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Des idées toutes faites...

Avant mon arrivée dans l’institution accueillant des jeunes filles en difficulté, j’avais beaucoup d’appréhensions. J’imaginais toutes ces filles en crise, ce qui, pour moi, impliquait de leur part un comportement chargé de violences physiques et morales vis-à-vis de la société en général.

Dès le premier jour, je me suis rendu compte que mes idées étaient tout à fait fausses. Bien sûr, les filles que j’ai rencontrées sont en crise, mais cela ne les empêche pas d’être très accueillantes. De plus, la structure de l’institution correspondait vraiment à celle d’une maison familiale inspirant un sentiment de sécurité et de liberté.

Dès ce premier jour, je me suis sentie rassurée quant au déroulement futur de mon travail.

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Le premier entretien familial

L’unité de vie où je travaille accueille une quinzaine d’enfants âgés de 3 mois à 12 placés pour un séjour plus ou moins court, selon les problématiques.

Dans tous les cas, nous essayons de mobiliser les familles.

Je me souviens de mon tout premier entretien familial.

Je me suis retrouvée, avec un collègue, devant un couple, dont le papa avait les épaules aussi larges qu’un footballeur américain et qui me fixait comme si j’étais le diable...

Quelle ne fut pas mon angoisse lorsque je dus lui réexpliquer les raisons du placement et les différents objectifs de travail qu’ensemble nous fixions.

Quel soulagement lorsque l’entretien se termina. J’étais trempée de la tête aux pieds et j’angoissais déjà pour le prochain entretien!

Avec du recul et de la réflexion, je peux aborder cette phase essentielle du travail d’éducatrice avec beaucoup plus de sûreté et sans crainte.

Il est heureux que j’y sois arrivée car cela me permet d’avoir une vue différente sur les problématiques des enfants et donc de mieux comprendre certains de leurs comportements. Les parents sont de réelles ressources pour notre travail.

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Etre éducatrice au Sacré-Coeur, groupe de la "Maison", c'est accueillir plus ou moins 10 filles en difficulté familiale, le temps de permettre à chacun de retrouver sa place.

Le temps est mis à profit pour effectuer un travail avec la jeune et sa famille en préparation d'un retour.

Il s'agit donc de vivre avec les filles, leurs humeurs, leurs joies, leurs colères, leurs chagrins, leurs difficultés, leurs bonheurs, leurs malheurs.

Leur assure de l'écoute, de l'attention, une présence rassurante, un appui, mais aussi une motivation pour prendre leur avenir en main.

Les qualités pour effectuer ce travail sont dès lors beaucoup de patience, de temps à donner, d'énergie à investir, de capacité d'analyse et de travail d'équipe mais aussi des nerfs d'acier et une aptitude à réagir tout de suite à des situations critiques.

Dominique Meurée , Maison du Sacré-Coeur

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L’éducateur doit être un soutien pour le jeune lorsque ce dernier est sur son lieu de prestation. Il ne doit pas hésiter à prodiguer ses encouragements et à féliciter le prestataire quand celui-ci effectue correctement son travail. Il doit aussi savoir assurer son rôle de contrôleur de la bonne réalisation de la prestation.

Il doit être disponible lorsqu’un problème surgit sur l’endroit de travail du jeune, jouer le conciliateur entre le délinquant et le responsable de l’organisme employeur, et de ce fait être l’élément moteur qui assure de bonnes relations avec le réseau associatif qui l’utilise (province, communes, hôpitaux, A.S.B.L.).

L’éducateur doit être en mesure d’évaluer une situation et proposer des solutions ou envisager des relais lorsque la prise en charge le nécessite.

L’éducateur doit savoir rédiger. Il ne doit pas oublier que les rapports sont susceptibles d’être lus par un bon nombre d’intervenants sociaux.

Toutes ces tâches ne sauraient être menées à bien si l’éducateur ne s’obligeait pas à faire part de son travail aux autres membres de l’équipe lors de réunions hebdomadaires, s’il n’échangeait pas sur sa pratique professionnelle avec des travailleurs sociaux d’équipes analogues et/ou ne faisait pas appel parfois à des séances de supervision.

Témoignage du CHOIX, S.P.E.P. de Namur
 
 


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