21 mars 2010

TEMOIGNAGES : La parole aux éducs ! (3)

Témoignages d'éducs travaillant dans le secteur de la santé mentale.


« ... Dans le travail de l’éducateur, la gestion de la distance affective est un aspect particulièrement important... on doit se « méfier » des gens qu’on aime bien parce que lorsque l’on est trop empathique, si dans un premier temps on leur fait du bien, dans un deuxième temps on va induire, sans s’en rendre compte, de nouveaux dysfonctionnements chez eux... »

(Extrait de l’intervention de A. Herbeto - Chef éducateur au centre Les Hautes Fagnes).

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« Travailler en psychiatrie infantile est difficile mais très intéressant. Si le travail est lent et se fait le plus souvent sur base d’hypothèses, les échanges en équipe pluridisciplinaire qui permettent de construire ces hypothèses sont particulièrement enrichissants.

La prise en charge des enfants est lourde: les activités sont organisées du lever jusqu’au coucher et la présence des éducateurs est constante. Les effets de cette organisation structurante se voient d’abord dans l’apaisement des enfants: ils reprennent un rythme de veille et de sommeil normal, n’ont plus besoin de médicaments pour s’endormir et montrent moins d’angoisse. C’est un travail exigeant et je me dis parfois qu’il y a un sur-investissement professionnel
».

Ch. S., psychiatrie infantile


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« Je me suis toujours demandé pourquoi l’on disait de certains (au masculin ou au féminin): « Ah, celui-là, c’est un éducateur! Un vrai! » Pourquoi devient-on, pourquoi est-on éducateur? Peut-être en souvenir des soeurs de la charité qui influencent toujours l’image que l’on a de notre métier, parce que l’on veut faire de l’amour un métier. Vénal un peu, mais moral, surtout si l’on s’en défend. Pourtant qui ose encore croire à l’altruisme pur? Il est plutôt question de se construire en construisant, ou plus souvent en reconstruisant, l’autre.

Et pour ce faire, il faut se servir de soi comme d’un repère, un repère amical certes, mais aussi solide, stable, éduquant, structurant. Il faut accepter, et toute la richesse est ici, pour soi comme pour l’autre, de jouer souvent un rôle bien différent de celui qu’on joue en privé particulièrement je crois, lorsque l’on s’adresse à une population toxico-dépendante où il est question d’aimer sans doute, mais aussi d’assumer de ne pas toujours l’être d’emblée. Pour que la relation s’apaise, n’est-il pas nécessaire que les premiers orages, c’est-à-dire, les premières confrontations à des repères qui tiennent - et nous sommes ces repères - soient passés?

De grands dangers guettent l’enthousiasme du jeune éducateur qui voudrait se spécialiser dans le domaine de la toxicomanie. J’en vois deux qui me paraissent prépondérants et devoir être abordés avec prudence.

D’abord, soutenir le choix de l’autre, ce n’est pas répondre à son premier désir. Ensuite, soutenir le choix de l’autre, c’est d’abord LE CONNAITRE et donc, particulièrement dans le cas qui nous occupe, comprendre qu’il n’est pas toujours, pas seulement, celui qui est dit ou affiché ».


Armand Herbeto

Les Hautes Fagnes, centre de post-cure pour toxicomanes.
 

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